Investir en Femtech, c’est bon pour la santé, surtout celle des femmes

Vous avez déjà sans doute déjà entendu parler des investissements “thématiques”. Ils consistent à investir en suivant un thème précis, comme par exemple les énergies renouvelables, la 5G, l’eau, le vieillissement de la population, etc. 🌍🧊🎯
Aujourd'hui, parlons de la Femtech !
Investir dans la Femtech, c’est investir dans la santé des femmes de façon ciblée. C’est une manière de contribuer à l’amélioration de la condition de vie des femmes qui ne sont pas égales face à l’accès aux soins 🩺 ou au bien-être en général.
C’est un secteur porteur d’avenir (après tout, nous ne représentons que 50% du marché de la santé 😉), mais qui a besoin de financement! Nous verrons pourquoi l’esprit de sororité est primordial pour le développement de ce secteur.
Qu’est-ce que la FemTech?
La technologie au service de la santé des femmes pourrait être la bonne traduction de FemTech. Cela fait référence aux logiciels, applications, diagnostics, produits et services, qui utilisent la technologie pour améliorer la santé des femmes. L’invention de ce terme est attribuée à Ida Tin, la fondatrice de Clue, une application qui vous permet de suivre vos cycles menstruels et d’ovulation.
La FemTech est donc un secteur qui s’adresse aux femmes tout au long de leur cycle de vie, de la puberté à la ménopause en passant par la maternité 💫. Les innovations liées à la FemTech se classent en général dans les catégories suivantes :
- Menstruations et produits de soins liés: Flex
- Fertilité et test de grossesse: Clue, Natural Cycles, Ava, Obseva
- Ménopause: Madorra, Higia Technologies, Joylux
- Maladies chroniques et troubles hormonaux: Endodiag, Ablacare
- Santé pelvienne: Elvie Trainer, Fizimed
- Maternité et post-maternité: Modern Fertility, Efelya, Wistim
- Allaitement: Naya Health, Elvie Pump
- Bien-être sexuel: Puissante, Climax
- Santé en général: Lattice Medical
Le secteur de la FemTech se compose d’environ 200 start-ups dans le monde, dont 92% sont fondées et dirigées par des femmes, selon des rapports récents.
Un biais de genre mortel
De prime abord, ce focus sur la santé de la femme peut paraître discriminant. Il est pourtant le reflet d’une réalité : seuls 4% des recherches sur la santé (en général) sont dédiées aux problèmes de santé spécifiques aux femmes.
Historiquement, les essais cliniques et les études et tests réalisés dans la mise au point de traitements médicaux prenaient essentiellement des patients masculins, afin d’éviter que les femmes en âge d’avoir des enfants puissent être affectées par des potentiels effets secondaires.
En 1977, la Food and Drug Administration aux États-Unis a exclu des essais cliniques les femmes en âge de procréer, de peur que les fluctuations causées par les cycles menstruels affectent les résultats des essais. Aussi parce que si une femme tombait enceinte après un essai, le médicament pouvait affecter le fœtus. Depuis, les femmes ont été sous-représentées dans les essais cliniques, avec les conséquences évoquées plus haut.
Cette situation, louable à la base, fait que les symptômes documentés comme associés à beaucoup de maladies sont les symptômes présentés par des patients masculins. Aujourd’hui, de plus en plus de médecins plaident pour une meilleure prise en charge et une meilleure connaissance des symptômes des femmes, en particulier pour les maladies cardio-vasculaires, première cause de mortalité féminine en France.
S’agissant de l’infarctus, les hommes auront des douleurs dans la poitrine irradiant le bras gauche et la mâchoire… Alors que beaucoup de femmes ressentent des palpitations, des difficultés à respirer, de la fatigue, un essoufflement, des troubles digestifs ou encore des nausées. La méconnaissance de ces symptômes engendre un retard de diagnostic et une prise en charge thérapeutique plus tardive, ce qui réduit les chances de survie. De plus, ces femmes ont tendance à sous-estimer la douleur en négligeant les manifestations, souvent associées au stress ou à la fatigue 🧟♀️ (pour plus de statistiques et exemples de ces biais, nous vous recommandons “Invisible Women” de Caroline Criado Perez).
La FemTech veut éliminer ces biais en fournissant des médicaments et soins adaptés, tout en travaillant sur l’éducation des professionnels de la santé et du grand public 💯.
Un marché en plein essor 📈
La part de la Femtech par rapport au secteur de la santé en général est encore très faible, mais connaît une vraie croissance. Les femmes dépensent environ $500 milliards par an dans la santé.
En 2019, les sociétés de la FemTech auraient généré $820 millions de chiffre d’affaires, et reçu $590 millions d’investissements de venture capital (aussi appelé “VC”, fonds d’investissement investissant au sein de sociétés non cotées, généralement aux premiers stade de développement de l’entreprise)
Le marché FemTech devrait atteindre les $1,1 milliards d’ici 2024 💸, soit une croissance annuelle de presque 13%. Ces développements dans la santé des femmes devraient permettre de réduire le coût des soins, alléger les dépenses de la sécurité sociale tout en améliorant la qualité de vie des femmes.
Pourtant, les fondatrices de sociétés FemTech parlent de “guerre de financement”. Elles mentionnent la difficulté de convaincre les investisseurs masculins sur les besoins des femmes en matière de santé. Comme l’a dit Melinda Gates, «Nous aimons penser que le Venture Capital est motivé par le pouvoir des bonnes idées. Mais d’après les chiffres, ce sont les hommes qui ont les clefs 🗝️ ».
Comment investir dans la FemTech?
La plupart des FemTech sont encore des start-ups qui sont financées principalement via des “business angels” ou des fonds de capital risque (VC).
On peut en trouver certaines qui sont cotées en Bourse comme Obseva en Suisse ou Viveve, Dare bioscience ou Soliton aux Etats-Unis.
Néanmoins, la majorité des sociétés FemTech ne sont pas (encore) listées publiquement (on ne peut donc pas les acheter comme des actions classiques sur le CAC 40 par exemple).
Pour rappel, une start-up est une entreprise en création, à croissance rapide, qui ne recherche pas une rentabilité immédiate, mais à terme. Les taux d’échec sont élevés, et le risque pour les investisseurs est important. En revanche, si la start-up connaît le succès, alors la “sortie” du capital, le retour sur investissement sera énorme. Comme la start-up ne réalise pas de bénéfice les premières années, elle doit se faire financer, par des fonds de venture capital (professionnels) ou par des business angel 😇 (particuliers).
Les start-ups dans la FemTech doivent malheureusement faire face à des inégalités dans les financements car dans 90% des cas les VC sont composés d’hommes qui ont du mal à comprendre le besoin adressé et l’opportunité commerciale qui se cache derrière ces sujets féminins. Les FemTech spécialisées dans le bien-être sexuel par exemple, sont souvent mises de côté par les investisseurs qui les catégorisent comme de la “pornographie”.
Pour investir en tant que business angel dans de telles sociétés, le principal est d’avoir un bon réseau pour être à l’affut des opportunités. Si vous êtes novice, le mieux est encore de rejoindre des réseaux de business angels qui vous guideront dans vos premiers investissements et vous permettront de “sourcer” et d’analyser les opportunités d’investissement. Vous pouvez également suivre des groupes comme Sista Femtech, “la première communauté européenne de la Femtech”, qui fournit du contenu et des données sur le secteur et vous permet de vous créer un réseau dans cette industrie.
Les Femtech les plus matures se trouvent aujourd’hui dans la fertilité avec des entreprises comme Clue, une des premières FemTech qui a levé $30 millions et compte aujourd’hui plus de 10 millions d’utilisatrices. Une autre application, Natural Cycles a été la première application contraceptive à être approuvé par des régulateurs européens et par la FDA (Food and Drug Administration, aux Etats-Unis).
Beaucoup de start-ups se concentrent aussi sur les protections menstruelles. Vous avez sûrement déjà entendu parler des cups menstruelles, comme celle de Flex.
Les FemTech se consacrant aux maladies biologiquement liées au corps de la femme, comme l’endométriose, encore méconnue du grand public, sont également très intéressantes. Cette maladie touche une femme sur dix dans le monde, mais n’a pas encore de traitement adapté. La société Endodiag par exemple, veut diagnostiquer cette maladie au plus tôt afin de contrer les effets de l’infertilité liés à l’endométriose et proposer des traitements adaptés.
On peut espérer que dans quelques années certaines de ces FemTech soient cotées en bourse et que des fonds d’investissement se spécialisent sur ce secteur, donnant accès à ces opportunités d’investissement à un plus large public 🍿.
Vous l’aurez compris, la Femtech, bien que toujours un secteur de “niche”, a le potentiel de se développer et de croître dans les années à venir. Avec la moitié de la population mondiale comme marché, on peut l’espérer 😏